Epilogue

EPILOGUE DU PROCES DE SER GEROLD DAYNE
Le procès avait eu lieu dès les premières heures de la journée en ce 19ème jour de l'an 299 et ce jusque tard dans l'après-midi. Un procès qui n'avait laissé personne indifférent durant son déroulement exemplaire et qui allait sur son dénouement.
Le Chancelier du Reach, Lord Mathis Rowan, avait insisté pour que le châtiment fût exécuté de manière rapide et sans trop d'esclandre. Ainsi, la cour du château de Highgarden avait été choisi pour son déroulement. Des serviteurs avaient bien vite répandu la rumeur au sein du bastion seigneurial : « le chien de Dornien » ou « Darkstar » pour certains, allait être fouetté sous peu « en punitions de ses crimes. »
En conséquence, de nombreux convives, notables, et serviteurs présents au château avaient fait le déplacement jusque dans la cour pour assister à la scène, car un tel événement les sortaient de toutes les façons de leur routine. Certains lorgnaient aux étroites fenêtres ou s’accrochaient au parapet pour ne pas « rompre » leur service en cours et profiter du spectacle.
De puissants seigneurs et des chevaliers de renom dont certains avaient constitué le jury dans le procès étaient également là : ser Alekyne et son père Lord Alester, Lord Alfered et son frère, ser Rycherd, le Maitre d’armes de Highgarden, ser Alyn, ser Bayard, ser Jon, ser Mark, ser Martin, ser Thomas et son père Lord Steffon, le Grand Connétable du Reach, ser Walton et d’autres…
Deux poteaux avaient été installés dans la cour pour soutenir le supplicié, tandis qu'un bourreau s'affairait à y installer les cordages nécessaires pour le maintenir durant toute la procédure. La masse de gens rassemblée faisait un brouhaha qui emplissait la cour et se répercutait sur les murs d'enceinte qui l'entourait, pendant que la noblesse commençait à s'installer aux premières loges, à une dizaine de mètres à peine des poteaux. La plupart de ceux présents durant le procès répondaient à l'appel. On pouvait également compter certains membres éminents de la Cour de Highgarden. Un cordon de gardes avait pris place pour séparer la foule du reste des privilégiés.
Sur le balcon seigneurial, Lord Mace se tenait, droit et grave, l’air implacable, entouré de ses enfants ser Garlan le Galant, ser Loras, et Lady Margaery, et de ses proches conseillers. A sa droite, sa mère, Lady Olenna, dont l’expression du visage ne laissait rien transparaître. A ses côtés, Elinor Tyrell, sa protégée, tentait visiblement d’arborer une expression aussi impénétrable que son aînée. A la gauche de Lord Mace se tenait Lord Mathis. Un pas en retrait, dans l’ombre, le Sénéchal du Reach, Lord Tristifer, faisait une tête d’enterrement.
Finalement, encadré du héraut mais également d'une dizaine de gardes, le supplicié fit son entrée. Sa chevelure argentée le désignait pour le tout-venant comme étant le chevalier venu de Dorne qui, quoiqu’invité d’honneur à Highgarden, avait trahi la confiance de la famille Tyrell en tuant des soldats.
Les huées commencèrent, ainsi que les insultes en tout genre. Pourtant, personnes n'osa porter de coup ou jeter quoi que ce soit, car la présence des gardes ainsi que celle des nobles les en dissuadaient.
Une fois amené au centre de la cour, l'étranger se vit enlever les protections et habits qui lui couvraient le torse et le dos. Tabard, cuirasse, gorgerin, tunique, lui furent ainsi retirés par un homme qui devait être son page et que son apparence et son accoutrement désignaient lui aussi comme un Dornien.
Tandis que le bourreau l'attachait bras en l'air aux poteaux, laissant ainsi le temps à chacun de voir les nombreuses cicatrices qui couvraient déjà le corps de l'homme, le héraut fit son annonce, d’une voix claire et forte.
Son discours, fort bref, rappela que ser Gerold n’avait pas été reconnu coupable d’homicidepar ses pairs, mais d’avoir fait un usage disproportionné de la force contre les soldats Tyrell contraire aux valeurs chevaleresques.
Le dénommé Dikaios, magistrat au service de ser Gerold et son avocat, avait outrepassé la bienséance au cours du procès de son maître en proférant des propos discourtois à l’encontre du Chancelier du Reach. Pour cela il avait été condamné à recevoir dix coups de fouet.
Ser Gerold demanda alors la Cour, de faire pénitence à la place de son magistrat, en vertu de son devoir chevaleresque vis à vis de ses serviteurs.
Les deux Dorniens échangèrent alors quelques mots, puis le page offrit un serre-dents à son maître, qui le mordit à pleine bouche.
La foule s’était tue, laissant la cour plus calme que jamais, tandis que le bourreau se mettait en place pour remplir son office, soupesant le fouet qui allait lui servir. Il le fit claquer une première fois en l'air pour tester son allonge. Le son fut comme un coup sec, répercuté dans l'enceinte, tel un coup de tonnerre, ce qui ne manqua pas de crisper sa future victime qui avait gardé jusque-là le regard braqué en face de lui.
L'assemblé retint son souffle jusqu'au premier coup, celui-ci claqua de nouveau avec la même force mais cette fois, atteignit le dos, laissant une traîné rouge dans son sillage. Le condamné émit un râlement terrible assourdi par ce qu'il tenait entre les dents.
Le deuxième coup ne tarda pas à venir rajouter sa marque au précédent, cette fois-ci le chevalier se tordit violemment de douleur. Tandis qu'une partie de la foule prenait plaisir à contempler ce spectacle, une autre retenait son souffle devant la douleur que ressentait l'homme. Certaines femmes, haletantes, semblaient désormais sur le point de s’évanouir.
Puis un troisième coup, suivit immédiatement d'un quatrième, s’abattirent sur le malheureux qui en recracha son mord. Le sang s'écoulait désormais de ses plaies alors que sa respiration et les rythmes de son cœur s’affolaient dangereusement.
Le cinquième coup arracha en plus des bouts de chair ensanglantées un cri qui parut presque inhumain tant le son en paraissait déformé par l'écho. Les larmes aux yeux, le chevalier tentait de reprendre son souffle, en vain. On pouvait entendre les cris d'épouvante de la foule. Les nobles, assis à quelques mètres seulement du supplicié, ne faisaient pas exception à la règle.
Certaines dames se sentirent mal, des hommes détournèrent les yeux. Elinor Tyrell, le visage mortellement livide, gardait son regard épouvanté rivé sur l’atroce spectacle. Alors que la jeune fille était censée soutenir Dame Olenna en lui présentant un bras secourable, un observateur attentif aurait noté que c’était au contraire la solide poigne de la Reine des Epines qui empêchait Elinor de vaciller. Lord Mace et Lord Tristifer s’efforçaient de garder une expression impassible, mais leurs mâchoires étaient serrées.
Déjà le sixième coup apporta son lot de souffrances horribles ainsi qu'une nouvelle supplique métamorphosée en agonie plaintive. La douleur avait presque un effet hypnotique car nul alors ne parlait plus, seul le décompte des coups effectué par le héraut se faisait désormais entendre.
Le château entier pouvait dès lors entendre la douleur faite homme qu'était devenu le chevalier Dornien tandis que le septième coup s'abattait sur lui.
Le huitième coup eu raison de sa volonté car il perdit connaissance après l'avoir reçu et ne sembla pas réagir aux neuvième et dixième coups. On aurait pu le croire mort car lorsque le bourreau le détacha, son corps s'affala inerte sur le sol, son page lui vint en aide, assisté de Mestre Lomys.
Finalement, Ser Dayne fut ramené sur une civière laissant s'écouler le sang au travers du tissu. Les spectateurs attentifs auraient pu noter l’air satisfait qu’affichait Lord Rowan depuis le balcon, voyant sa justice s’accomplir. L'assemblée quant à elle, se dispersa s'en retournant à ses occupations routinières.